Le cinéma suisse, entre audace et “sport paralympique”
Pour certains, «film suisse» ça sonne un peu comme chocolat italien ou Gruyère français. Pourtant, le cinéma suisse existe et semble se porter plutôt bien, défiant le coronavirus. Avec même les Oscars en ligne de mire.
«Le cinéma suisse va bien. C’est un cinéma qui ose, qui ose beaucoup de choses… C’est ce qui fait sa force», estimait le chef du Département fédéral de l’Intérieur Alain Berset, interviewé par Léman Bleu lors des Journées de Soleure (photo ci-contre).
Ce festival du film suisse a enregistré plus de 60’000 entrées lors de sa 55ème édition en janvier dernier. Ce qui n’empêche pas certains de considérer le 7ème art helvétique comme «un sport paralympique», lit-on par exemple sur Facebook. La revue Cinébulletin pointe quant à elle: «trop de films, pas assez d’écrans, un public national désengagé, peu de sélection dans les grands festivals, la multiplication des plateformes de diffusion, l’apparition de nouvelles écritures narratives.»
Plus de 300’000 spectateurs!
Au-delà des critiques, il y a surtout la crise sanitaire : depuis la réouverture des salles en juin, la fréquentation des cinémas a baissé de moitié en Suisse. Pourtant, en juillet, le long métrage «Les enfants du Platzpitz» défiait le coronavirus en Romandie. Après avoir dopé les entrées Outre-Sarine, avec plus de 300’000 spectateurs!
Le 16 septembre, au tour de «Petite sœur», des réalisatrices lausannoises Stéphanie Chuat et Véronique Reymond, de sortir dans les salles romandes. L’histoire de deux jumeaux, Lisa, écrivaine, et Sven, célèbre acteur de théâtre, atteint d’une leucémie agressive. Lisa refuse cette fatalité et remue ciel et terre afin qu’il remonte sur scène, jusqu’à mettre sa famille en péril. Elle d’yeux que pour son frère, son miroir, qui la renvoie à ses aspirations profondes… Ce film représentera la Suisse aux prochains Oscars au printemps 2021.
Vive les coproductions
En 2018, 330 films suisses ont été présentés dans les salles helvétiques, soit trois fois plus qu’au milieu des années 90, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS). Au niveau suisse, leur part de marché est «clairement à la hausse» selon l’OFS. Même si reste est bien ténue (6% des entrées en 2018) comparée aux films américains (près de 70% des entrées).
Pas non plus évident pour un film helvétique de passer les frontières. Les coproductions sont donc encouragées par l’Office fédéral de la culture, car amenant plus de visibilité à la création indigène. Preuve, le succès en 2016 de «Ma vie de Courgette» de Claude Barras. Vendu dans une cinquantaine de pays, il a été récompensé notamment par le Prix du Cinéma européen. Et surtout de «Heidi» d’Alain Gsponer, vendu dans plus de 100 pays et qui a totalisé quelque 3,5 millions d’entrées.