Le fils adoptif de Béjart pourrait hériter d'une partie des droits
SUCCESSION Selon le code civil suisse, Eiji Mihara, fils adoptif de Maurice Béjart, pourrait hériter d’une partie des droits du créateur.
Eiji Mihara, fils adoptif posthume de Maurice Béjart, a vécu 25 ans aux côtés du chorégraphe. D’abord à Bruxelles, puis à Lausanne. Il va désormais pouvoir porter son nom.
«Rien n’est fait, nous n’en sommes pas encore là», met en garde Me Jean-David Pelot, avocat d’Eiji Mihara. «Tout ce que je peux vous dire c’est que mon client a toujours eu à coeur de faire en sorte que la volonté de Maurice Béjart soit respectée».
Actuellement, les droits sont gérés par la Fondation Maurice Béjart, présidée par Gil Roman, qui a pris la succession de Maurice Béjart à la tête du Béjart Ballet Lausanne (BBL). Eiji Mihara en faisait partie mais il a dû la quitter lorsqu’il a poursuivi la procédure pour sa demande d’adoption.
Un artiste polymorphe et discret
Eiji Mihara, né le 20 février 1960 à Yokohama, a longtemps vécu sous le même toit que le chorégraphe. Ils se sont rencontrés au Japon en 1982. Il a participé aux spectacles du Ballet du 20e siècle, puis du BBL. Le danseur a notamment interprété, en 2006, le rôle principal dans le dernier ballet qu’avait pu achever lui-même Maurice Béjart, Tchekhov au bois dormant (voir ci-dessous).
Artiste multiforme, Eiji Mihari est aujourd’hui réalisateur, producteur et acteur. Il a notamment tenu un rôle dans Ma Nouvelle Héloïse de Francis Reusser (voir ci-dessous).
Le Japonais est longtemps resté dans l’ombre du maître. «C’est un homme d’une extrême discrétion, quelqu’un de distingué qui ne recherche pas la lumière», précise Me Pelot. Il vit en Suisse, même si ses activités l’amènent à beaucoup voyager.
Eiji Mihari «se réjouit» d’avoir obtenu gain de cause devant le Tribunal fédéral (TF) qui vient de le reconnaître comme «fils adoptif posthume» du chorégraphe. L’autre partie de la procédure était le service de l’Etat-civil du canton de Vaud.
Une adoption tardive et compliquée
Avant le TF, la Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal avait rejeté sa requête, en janvier dernier. «La Cour cantonale avait reconnu que Maurice Béjart avait toute sa capacité de discernement lorsqu’il a initié sa procédure d’adoption mais elle avait estimé que les conditions subjectives d’une adoption entre adultes n’étaient pas remplies», précise l’avocat.
Selon le droit suisse qui ne connaît que l’adoption plénière, ce type d’adoption implique un changement de nom et la «perte» des droits de succession de ses parents biologiques. Maurice Béjart voulait cette adoption «de longue date», selon l’avocat.
«Il ne souhaitait pas conclure un partenariat enregistré car ils n’étaient pas amants», précise Me Pelot. «Après avoir rédigé son testament en février 2007, il a entamé la procédure d’adoption». Il est décédé le 22 novembre de la même année, le jour même du dépôt de la requête pour adoption.
(ATS)